Il faut comprendre que les entreprises qui colligent et revendent des renseignements personnels sur le crédit des consommateurs créent leurs dossiers en y attribuant un numéro d’identification unique. Au Canada, c’est le numéro d’assurance sociale qu’elles utilisent ; les propriétaires de logements n’y sont pour rien. Tous les autres renseignements comportent des risques de confusion entre individus, ce qui peut entraîner des erreurs graves. Les entreprises qui fournissent des données de crédit le savent.

La combinaison nom/adresse/date de naissance n’offre pas une fiabilité optimale pour s’assurer que le dossier de crédit trouvé est bien celui du candidat. Certains locataires déménagent régulièrement ou l’on fait récemment ; l’adresse au dossier de crédit n’est alors souvent pas celle sur la pièce d’identité du candidat. La date de naissance est aussi problématique. Régulièrement, la CORPIQ constate une inversion du mois et du jour (exemple 09-04 ou 04-09) qui laisse planer un doute sur l’appartenance d’un dossier de crédit. Quant au nom, il arrive fréquemment que celui inscrit sur la pièce d’identité et celui figurant au dossier de crédit divergent (inversions du nom et du prénom pour les noms étrangers, deuxième prénom ajouté ou manquant, prénom masculin au lieu de féminin tel Jean/Jeanne, prénom suivi de Jr ou Sr, etc.). Évidemment, cette confusion est parfois habilement exploitée par les individus indésirables qui se cherchent un nouveau logement après avoir été expulsés ailleurs.

Le risque d’erreur du dossier de crédit obtenu est une situation d’autant plus grave pour les propriétaires du Québec que, faut-il le rappeler, ils sont les seuls en Occident à ne pas avoir le droit d’exiger un dépôt de garantie pour se protéger et limiter leurs pertes. De plus, ils font face à des délais inacceptables à la Régie du logement et seulement 6 % réussissent à récupérer la totalité de leurs loyers impayés. Chaque année, les propriétaires perdent 250 M$.

Certains répètent qu’il suffit au candidat locataire d’apporter lui-même son dossier de crédit au propriétaire pour le rassurer sur ses habitudes de paiement. Franchement, nous savons tous qu’il n’y a rien de plus facile que de numériser un document et d’embellir quelques chiffres avec son ordinateur avant de le réimprimer. De plus, seul le dossier en date du jour est véritablement révélateur de la situation financière du candidat.

La très grande majorité des candidats acceptent de fournir leur numéro d’assurance sociale. Cette information s’avère une protection pour les locataires aussi. Un dossier de crédit peut s’obtenir sans ce numéro, mais pas toujours. Dans le moins pire des cas, le numéro d’assurance sociale fait la différence entre un dossier trouvé ou introuvable.

Dans le pire des cas, son absence génère le dossier de quelqu’un d’autre, sans même que l’on s’en aperçoive si les autres renseignements se ressemblent. On peut alors imaginer la conséquence grave pour un locataire de se faire refuser le logement désiré parce que le dossier de crédit obtenu est trop faible, alors que ce n’est tout simplement pas le sien. Le risque inverse existe : un propriétaire peut accepter un locataire sur la base d’un dossier de crédit reluisant, alors qu’il découvrirait que son vrai dossier est désastreux.

La CORPIQ, qui réalise des dizaines de milliers d’enquêtes par année, voit ces situations. Enfin, il faut savoir qu’accéder au dossier de crédit de quelqu’un laisse une trace, ce qui en affecte la cote de crédit. Il n’est donc souhaitable pour personne qu’un propriétaire, sur la base d’informations fournies de bonne foi, reçoive le dossier d’un individu qui n’a rien à voir avec la location du logement. C’est le genre d’erreur qu’on évite à tout coup lorsque le numéro d’assurance sociale est utilisé dans la requête. Cette protection des individus ne semble pas toujours bien comprise en matière de location résidentielle.